Jigoro Kano et Moshe Feldenkrais
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Le 26 septembre 1933 marque le véritable début du judo en France, lorsque Jigoro Kano, le fondateur du judo, donne une conférence à l'École des Arts et Métiers à Paris. Cette visite historique a plusieurs objectifs, dont la promotion du judo à l'international et l'établissement de liens avec les autorités françaises.
Lors de cette conférence, Kano rencontre Moshe Feldenkrais, un jeune ingénieur passionné de sports de combat. Kano voit en Feldenkrais "l'homme providentiel pour le développement du judo en France". En 1934, Kano effectue une seconde visite en France, renforçant les liens établis l'année précédente et remettant à Feldenkrais des films de grands maîtres japonais.
Mikinosuke Kawaishi, 1899-1969 (10e dan)
Le 1er octobre 1935 marque un tournant décisif avec l'arrivée de Mikinosuke Kawaishi en France. Kawaishi, alors 4e dan, vient à l'invitation de Feldenkrais et à la demande de Kano. Kawaishi ouvre rapidement son propre club, le Club Franco-Japonais, et commence à enseigner sa méthode, adaptée à la mentalité occidentale.
En septembre 1936, Moshe Feldenkrais crée le Jiu-Jitsu Club de France, qui accueille bientôt l'élite parisienne. Jigoro Kano en accepte la présidence d'honneur. La fusion entre le Club Franco-Japonais de Kawaishi et le Jiu-Jitsu Club de France de Feldenkrais marque une étape importante dans le développement du judo français. En 1939, Maurice Cottreau devient le premier Français ceinture noire, sous l'enseignement de Kawaishi.
Paul Bonét-Maury (1900-1972),
Président-fondateur de la FFJJJ
Le 5 décembre 1946 marque une étape cruciale avec la création de la Fédération Française de Judo et Jiu-Jitsu (FFJJJ), sous la présidence de Paul Bonét-Maury. Cette institutionnalisation permet une structuration et une diffusion plus efficace du judo sur le territoire français.
En 1947, la fondation du Collège National des Ceintures Noires renforce l'aspect technique et pédagogique du judo français. Cette instance joue un rôle primordial dans la formation des enseignants et la préservation de l'esprit traditionnel du judo.
La fin des années 1950 voit l'émergence des premiers grands champions français. Henri Courtine devient le premier Français à obtenir une médaille aux championnats d'Europe en 1951. Bernard Pariset remporte le premier titre européen français en 1957, ouvrant la voie à une série de succès internationaux.
Entrée du judo aux JO de Tokyo en 1964
Les années 1960 marquent l'entrée du judo dans une nouvelle ère. En 1964, le judo fait son entrée aux Jeux Olympiques de Tokyo comme sport de démonstration pour les hommes. Bien que les Français ne remportent pas de médaille, cette inclusion olympique stimule considérablement le développement du judo en France.
Les premiers succès olympiques français arrivent aux Jeux de Munich en 1972. Jean-Jacques Mounier, Jean-Paul Coche et Jean-Claude Brondani remportent chacun une médaille de bronze, marquant le début de l'ascension du judo français sur la scène internationale.
L'année 1975 reste gravée dans les mémoires des judokas français. Lors des championnats du monde à Vienne, Jean-Luc Rougé devient le 1er Champion du Monde Français de Judo. Cette victoire historique propulse le judo français au sommet et inspire toute une génération de judokas.
David Douillet +100kg remporte les JO d'Atlanta en 1996 puis de Sydney en 2000
Les Jeux Olympiques de Moscou en 1980 marquent un tournant majeur. Thierry Rey (-60 kg) et Angelo Parisi (+95 kg) deviennent les premiers champions olympiques français de judo. Ces victoires, couplées à la médaille d'argent de Patrick Vial, confirment la France comme une nation majeure du judo mondial.
Les années 1980 et 1990 voient l'émergence de véritables légendes du judo français. Fabien Canu remporte 2 titres mondiaux consécutifs en 1987 et 1989. Cécile Nowak et Cathy Fleury deviennent championnes olympiques à Barcelone en 1992, les premières femmes françaises à réaliser cet exploit en judo.
Mais c'est David Douillet qui incarne le mieux cette période dorée. Avec ses 4 titres de champion du monde (1993, 1995, 1997, 2001) et ses 2 médailles d'or aux Jeux Olympiques (Atlanta 1996 et Sydney 2000), Douillet devient une icône du sport français et un ambassadeur exceptionnel du judo.
Les judokas français sur la scènes internationales, Championnats d'Europe 2023 à Monpellier
Le 21e siècle voit le judo français consolider sa position dominante. Teddy Riner émerge comme le judoka le plus titré de l'histoire, avec 11 titres de champion du monde et 3 médailles d'or olympiques (2012, 2016, 2021 par équipes). Sa longévité et sa domination dans la catégorie des poids lourds sont sans précédent.
Chez les femmes, Lucie Décosse brille avec ses multiples titres mondiaux et sa médaille d'or olympique en 2012. Elle est suivie par Clarisse Agbegnenou, qui s'impose comme la judoka française la plus titrée avec 6 titres mondiaux et 2 médailles olympiques (or en individuel et par équipes à Tokyo 2021).
L'équipe de France mixte, médaille d'or aux JO de Paris 2024
Aujourd'hui, le judo français compte plus de 500 000 licenciés répartis dans près de 5 500 clubs. La formation à la française, centrée autour de l'INSEP (Institut National du Sport, de l'Expertise et de la Performance), continue de produire des champions de classe mondiale.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 représentent l'apogée de cette histoire riche. Avec des athlètes comme Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou, la France a surpassé son excellent bilan de Tokyo 2020 (huit médailles, dont deux en or).
Le judo français, fort de son histoire glorieuse et de ses champions emblématiques, continue d'incarner les valeurs de respect, d'excellence et de persévérance chères à Jigoro Kano. Il reste un modèle pour les judokas du monde entier, alliant tradition et modernité, technique et esprit sportif.
Stéphane NOMIS a été réélu président de la FFJDA
Les élections pour la présidence de la FFJDA en 2024 ont opposé 2 candidats aux visions différentes pour l'avenir du judo français. Cette élection a marqué une étape importante dans l'évolution du judo français, avec des débats sur les priorités et la direction future de la fédération.
- Stéphane Nomis, le président sortant, qui briguait un second mandat. Il mettait en avant ses réalisations, notamment l'augmentation du budget fédéral et du nombre de licenciés, ainsi que le développement de nouveaux dojos (projet des 1000 dojos).
- Frank Opitz, son rival, ancien président de la Ligue d'Occitanie et membre du conseil d'administration fédéral, judoka Columérin, qui a été professeur, Directeur Technique et Président de l'US Colomiers Judo, proposait une approche différente de la gestion de la fédération.
La Judo Pro League réunit 14 clubs par équipe
Parallèlement, la Judo Pro League, lancée en 2022, représente une innovation majeure dans le paysage du judo français. Cette compétition professionnelle mixte, unique en son genre, réunit 14 équipes dans un format dynamique et attractif.
Cependant, la Judo Pro League ne fait pas l'unanimité. Certains, comme Frank Opitz, s'interrogent sur son utilité et son coût, préférant l'idée d'un championnat de France par équipes mixtes de clubs, plus inclusif et accessible. Ces développements illustrent les défis et les opportunités auxquels le judo français est confronté, entre tradition et modernité, amateurisme et professionnalisation.
Le judo français continue d'évoluer et de se réinventer, comme en témoignent les récents développements au sein de la Fédération Française de Judo et Disciplines Associées (FFJDA), aujourd’hui devenue FRANCE JUDO.
francejudo2024 - Les racines du judo français
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